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Grand-Cachot-de-Vent

Le Grand Cachot, regard sur 4 estampes, G Petermann

Regard sur 4 estampes de la collection

100 ANS D’ESTAMPES ET DE MULTIPLES 

Grand-Cachot-de-Vent, 2020

 

Chaque année et ceci depuis 1917, les artistes de Visarte Neuchâtel (anciennement SPSAS) éditent à tour de rôle une gravure ou un multiple pour les offrir aux institutions muséales, aux membres et membres-amis. 

Pour cette exposition, 16 artistes ont réinterprété librement des estampes de la collection.

Tranche de vie, 3 tranches de pain, peinture acrylique, papier japon, crayon

Choix du multiple, édité en 1917 : Ernest Beyeler, Le triangle

1917. Un paysan guide ses chevaux dans le silence de la neige. Brossé en quelques traits qui disent l’effort de la tâche, la fatigue, le froid.

J’ai imaginé une façon de lui consacrer une « tranche de vie », à partir du rationnement du pain, qui fut décrété en Suisse durant cette année de guerre, de disettes et de pénurie. Il fallait donc rationner de même l’histoire, rationner les mots, condenser ce morceau d’existence pour qu’il tienne sur les trois tranches de pain quotidiennes.

Ali, 49x36 cm, crayon graphite sur papier torchon

Choix du multiple, édité en 1917 : Louis de Meuron, Spahi

Le caïd Ali Bouziane, spahis algérien combattant pour la France, blessé et réfugié de guerre, séjourne pour quelques mois de convalescence à Neuchâtel. 

Que sait-on de lui ? De quelle nature est sa blessure ? Son regard digne et un peu las me touche, et pose mille questions. Ces questions, je les ai longuement crayonnées, pour redessiner le profil de cet homme qui passe et disparaît. J’ai imaginé ce profil comme une terre, une île, un continent, isolé au milieu d’un blanc… 

Sur la table, 27x30 cm, peinture acrylique sur bois, gouache, encre de Chine et bois brûlé

Choix du multiple édité en 1936 : Maurice Robert, Intérieur

Mon regard est attiré par ce petit objet noir posé sur la table : 

En zoomant sur lui, je le vois s’animer, laissant s’échapper autour de lui des poussières de crayon.

J’y devine une tête d’animal montée sur quatre pattes taillées bien carré, comme un Cheval de Troie qui s’ébranle.

Mais c’est peut-être un char d’assaut.

Dans cet intérieur tranquille de 1936, sur la table, sur le cahier fermé de la studieuse écolière, un petit encrier raconte l’histoire en marche, des guerres antiques à d’autres qui n’ont pas encore eu lieu … 

La sieste, 17cmx13cmx 10 cm, modelage en argile, fibres, métal, peinture acrylique, bois

Choix du multiple édité en 1966 : Léon Perrin, Couple avec chèvres

Dans cette scène pastorale de la désillusion, chacun, chèvres autant qu’humains, semble éteint, désuni, seul et assoupi. 

Parmi eux, l’une des chèvres m’intrigue et m’attendrit : mi animale, mi humaine, adossée contre le noir, elle dort comme un enfant repu après le jeu, la course, ou le dessert. 

Un trait pour son profil de gamine à cornes, deux pour l’œil gonflé d’un sommeil profond, à mille lieues de la déconvenue.

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